Ici, dans le couloir, la moquette est à pois, mais ailleurs, elle peut être complètement à poils. Dans certaines chambres, les murs sont recouverts d'imprimés façon toile de Jouy. D'autres sont éclaboussés par d'énormes croquis de mode. Sur la devanture sont accrochés de lourds rideaux de taffetas bordeaux. Lors de sa visite de courtoisie à l'occasion de l'inauguration du lieu en début d'année, le maire du IIIe arrondissement, Pierre Aidenbaum, les a comparés «à ceux d'un bordel».
Ce qui est sûr, c'est qu'on est très loin de la frime zen et glacée des hôtels du luxe international, rebaptisé urban resorts. Pas de remix de Massive Attack dans l'ascenseur, pas de mannequins surlookés à l'entrée, aucun de ces codes plus ou moins secrets censés vous prévenir : «Ici, vous entrez en territoire jet set. Veuillez lisser votre mèche avant d'entrer.» Curieusement, ce dédale biscornu, habité par les esprits colorés de Lacroix, est assez vite familier. Le coin bar, par exemple, vous tend son comptoir en zinc et en bois. Le meuble a, certes, été déniché chez un spécialiste, mais il est posé dans un ensemble tellement audacieux qu'il ne dégage pas cette odeur rance du bon vieux temps qui commence à sentir du côté des faux vieux bistrots de la Bastille. En tout cas, on y boirait volontiers un verre entre amis, mais, pour l'instant, l'endroit est réservé aux clients de l'hôtel.
«Refuges». Une petite promenade dans les chambres rend bien compte de l'architecture labyrinthique de l'immeuble du 2