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Libération
Critique

Affiches. Noirs dessins.

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Grand spécialiste du genre, Eddie Muller décrypte dans un livre les affiches de l'âge d'or du cinéma policier américain.
publié le 14 janvier 2005 à 23h38

De toute la moraine de beaux livres publiés sur les affiches de films noirs (en anglais comme en français), celui d'Eddie Muller est de loin le plus passionnant et le plus pointu. D'abord, étant devenu une espèce de Barnum du noir avec ses deux livres précédents et les minifestivals qu'il présente dans tous les Etats-Unis, Muller connaît son affaire et l'habite véritablement, comme s'il était encore à descendre des whiskies sours au Fish Grotto ou des Negresco chez Ciro's. Ensuite, parce que l'âge d'or du film noir ne coïncide pas vraiment avec celui des posters américains, Muller a l'excellente idée de les comparer avec ce qui se faisait à l'étranger pour les mêmes films. Il n'y a pas meilleur éclairage pour comprendre ce qu'a pu représenter le genre à une certaine époque que de voir la banale affichette américaine pour Phantom Lady (un film de Siodmak basé sur une faiblarde histoire de Cornell Woolrich) et l'affiche espagnole de La Dama Desconocida : probablement, la seule fois que le minus Elisha Cook Jr figure en vedette sur une publicité, représenté deux fois en gros. Et, de fait, on ne se souvient que de lui dans le film, en batteur de jazz roulant des yeux comme un ouistiti cocaïné .

Art et industrie. L'approche de Muller est double : artistique et industrielle. Ainsi apprend-t-on que tel studio tenait à un style particulier, que tel autre déléguait à une compagnie extérieure (généralement à la National Screen Service, comme Paramount après la guerre).