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Libération
Enquête

Le doigt sur la couture

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publié le 28 janvier 2005 à 0h10

Pour se faire une idée de la forme de cette vieille dame, la haute couture, née d'un monde obsolète où le prêt-à-porter n'existait pas, où 106 maisons détenaient ce label au sortir de la Seconde Guerre mondiale contre 10 aujourd'hui, il y a deux points de vue. L'optimiste, fort rare, est représenté par Didier Grumbach, président de la chambre syndicale, pour qui ce secteur reste «un outil d'image extraordinaire». Le pessimiste, plus courant, est ainsi résumé par le proche d'un grand couturier : «C'est un monde en pleine crise, où les deux ou trois ans à venir seront sanguinaires.» Déjà, les retraits de certaines maisons (Balmain, Torrente), les arrêts momentanés d'autres griffes (Givenchy, Ungaro), ou les réductions de personnel (Gaultier) frappent un secteur fragile, qui relève plus de l'artisanat de luxe que de l'industrie. «En 2004, raconte un producteur de défilés, presque tous mes clients m'ont demandé de baisser mes tarifs. Ce fut l'année la plus difficile depuis quinze ans.» Et chacun de gloser, in petto, sur les déboires de Christian Lacroix, officiellement vendu à l'issue de son défilé, mardi soir, par son protecteur historique, Bernard Arnault (patron du groupe LVMH). La raison ? Pas assez rentable.

Pressions. Selon Lacroix, «cette affaire marque la fin d'une idée, née dans les années 80 : celle que la mode et la finance pouvaient s'allier». L'épisode ne signifie-t-il pas, surtout, que les managers, ces «Procter & Pamble men» comme les appelle un observateur bien in