Il y eut foule audiovisuelle à l'enterrement du comique à l'écorce de mérou asphyxié. Sur sa tombe, quelques bouquets de fleurs d'un rose gras. TF1 jette le Dîner de cons, de Francis Veber. France 2 jette Un crime au paradis, de Jean Becker. C'est dans l'ordre. Comme presque toujours, le service public fait la course en queue dans une catégorie où il a perdu d'avance. Cela aussi, c'est dans l'ordre. Peu importe : la vertu d'un grand comique est de survivre à tous les films qu'il traverse, ou qu'il porte, et aux hommages que la télévision ne lui rend pas. On peut le maltraiter, l'avilir, le dégrader, essuyer son image sur les plus mauvais films, quelque chose passe : un écho venu du dedans de l'homme-clown, et qui, porté par la tristesse et la saloperie du monde, traverse les blindages de l'usine à rire en troupe. Certains comiques illuminent la bassesse en action : c'est le cas de Louis de Funès. Ses personnages sont égoïstes, mesquins, menteurs, racistes. Ils écrasent les autres sous la danse de leurs défauts. D'autres révèlent une bassesse qu'ils subissent : c'est le cas de Villeret. Son image la plus répandue est celle d'un clown ahuri, naïf et persécuté. Au théâtre, il fut autre chose. Et, en 1997, sur France 3. La chaîne diffuse alors l'envers de sa face ordinaire : le Dernier Eté, de Claude Goretta. Villeret y joue Georges Mandel, ancien ministre et député, exécuté en 1944 par des miliciens. Soudain, il ne fait plus rire : Mandel est un homme politique brutal, courageu
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