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Libération
Critique

Un tag entre deux tirs

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publié le 4 février 2005 à 0h22

On avait l'habitude de croiser ces graffitis sur les murs de Toulouse, Paris, Londres, New York, Vienne ou Buenos Aires. On risque désormais en plein Counter Strike, jeu de massacre en ligne, de se retrouver nez à nez avec les affriolantes poupées de Miss Van, les moutons du mythique pochoiriste parisien Blek-le-rat, les images subversives de Banksy, graffiti-artiste de Bristol, ou encore le logo nike détourné par les activistes 0100101110101101.ORG. Depuis quelque temps, Max Paccagnella s'amuse à «tager» les murs du jeu qui met aux prises terroristes et antiterroristes, transposant cette pratique urbaine sauvage dans l'univers des polygones. Pour lui, l'environnement virtuel du jeu est un espace public à investir.

Bunny girl.

Ce joueur de longue date se réapproprie la formule de l'écrivain Curt Cloninger : «J'ai une vie, une vie REELLE, et une partie de cette vie est en ligne.» Mais, avant de «bomber» les murs, il faut d'abord veiller à sauver sa peau. «Quand je joue à Counter Strike, raconte Max, je cherche d'abord à tuer et à ne pas être tué. A poser une bombe ou à la désamorcer. Puis, quand j'en ai le temps, je cherche une bonne place pour un spray (une image qu'on peut fondre dans l'environnement du jeu, ndlr).» Une fois le graffiti posé, il le prend en photo. Captures d'écran qu'il met ensuite en ligne dans sa galerie Counter-Street. Le résultat est souvent étrange, comme cette gourmande Bunny Girl de Miss Van, entourée d'éclaboussures de sang, ou ces soldats qui s'entre