Michael Stipe, 44 ans, est communément présenté comme une des figures les plus singulières, magnétiques et fertiles de la scène rock de ces vingt dernières années à mi-chemin entre Peter Gabriel et Thom Yorke. Détendu et mal rasé, au sortir de la balance, il revient sur la carrière de REM, officiellement inaugurée en 1983 avec l'album Murmur, la diversification de ses engagements artistiques, à commencer par la production cinématographique via la société Single Cell Pictures (American Psycho, Dans la peau de John Malkovich) et la position qu'il pense occuper au sein de la société américaine, trois mois après avoir aussi ardemment que vainement soutenu la campagne de John Kerry.
Beaucoup pensent que REM a donné le meilleur de lui-même il y a dix ou quinze ans.
Telle musique est en général liée à telle époque et son impact est d'autant plus fort qu'elle opère chez bien des gens à travers le prisme de la nostalgie. Il existe sans doute pas mal de personnes qui nous écoutaient au début des années 90 et qui, aujourd'hui, n'achètent plus de disques, ou du moins, ne consomment plus la musique de manière aussi assidue, enthousiaste. Au moins, pour celles-ci, je peux comprendre que REM renvoie au passé. Il serait vain de tenter de leur démontrer le contraire... Et puis l'évolution de la technique a aussi compliqué les choses. Aujourd'hui, n'importe qui muni d'un ordinateur peut faire à peu près n'importe quoi. Heureusement, n'est pas encore Squarepusher ou Aphex Twin qui veut.
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