(envoyé spécial à Marseille)
Comment vieillit REM, cette quintessence du rock américain affranchi, apparue voici un quart de siècle ? Paradoxalement. Egaré dans le trafic automnal, le dernier disque du trio d'Athens, Géorgie, a été de l'avis général une déception, collection émolliente de chansons inférieures aux étincelles indé d'antan. Du reste, la formation a perdu son lustre quand toutes les radios de la terre bastonnaient du Losing My Religion, Shiny Happy People ou Everybody Hurts à longueur de journée.
C'était au début des années 90, deux albums, Out of Time et Automatic For the People, élevaient inopinément REM au rang de potentat de la bande FM ; l'industrie du disque faisait monter très haut les enchères (un véritable pont d'or offert par Warner) et les courbes de ventes allaient commencer à fléchir. Comme la santé : rupture d'anévrisme en Suisse (Bill Berry, batteur préretraité, qui coule désormais des jours paisibles dans son ranch), problèmes abdominaux (Mike Mills), hernie inguinale (Michael Stipe), picole (Peter Buck)...
Créneaux. Depuis, REM n'a jamais regagné les sommets. Ni perdu le respect de ses pairs, de la critique et d'une bonne partie du public, tous conscients de la rareté de musiciens de cette trempe. En concomitance, le groupe, Michael Stipe en tête, est monté à tous les créneaux : femmes battues, Greenpeace, Tibet, Amnesty International, élection de Bill Clinton... Jusqu'au récent déploiement de la tournée américaine Vote for Change, série de concert