De Madeleine Rebérioux, qui s'est éteinte lundi à 84 ans, on peut raconter la vie d'historienne, spécialiste de Jaurès, de l'affaire Dreyfus, de la IIIe République, reconnue dans le monde entier. On peut aussi reprendre le fil d'une existence de militante, engagée sur de nombreux fronts depuis les années 50, tenant ensemble (ce qui fut longtemps mal vu) attachement au socialisme et défense des droits de l'homme.
Convictions. Le mieux est de lier ces deux vies, parce qu'elles ne firent qu'une : c'est la lecture de Jaurès qui mena au combat anticolonialiste, les recherches sur les militants ouvriers du XIXe siècle qui forgèrent les convictions de la présidente de la Ligue des droits de l'homme et sa sensible réorientation vers les droits sociaux, c'est l'exclue du Parti communiste qui fit une relecture pénétrante du martyre de Dreyfus.
Née en 1920 à Chambéry, Madeleine Amoudruz, après une khâgne à Clermont-Ferrand, se retrouve sévrienne durant l'Occupation à Paris, et c'est à cet instant qu'elle rencontre l'histoire comme discipline (ses premières recherches sur la société de la fin du XIXe) et l'histoire comme engagement (son frère pris dans une rafle en 1943, sa soeur et son beau-frère arrêtés pour résistance). Jeune enseignante au lycée de Mulhouse après-guerre, agrégée d'histoire, elle épouse le Parti communiste en même temps que son mari, Jean Rebérioux, et siège au conseil municipal de la ville de 1948 à 1950. Mais c'est le combat anticolonialiste qui l'emporte : elle anim