Karine Arabian aimerait bien qu'on dise tout haut ce qu'elle nous dit tout bas : «Quand j'ai commencé à faire des chaussures à bout rond, on m'a prise pour une folle. Ensuite, on a même dit que j'avais copié Marc Jacobs, mais c'est moi l'inventeuse du bout rond.» D'autant qu'on commence sérieusement à en parler de ses chaussures aux influences eighties, délicatement SM. Jusque dans les pages de la Redoute où Isabelle Adajni les avait présentées, ou, pendant les défilés haute couture, gracieusement prêtées aux créateurs d'On aura tout vu (Libération du 2 février).
Retour aux sources. Après avoir vendu ses souliers et ses sacs en France aux Etats-Unis, en Asie ou au Liban, Karine Arabian lance aujourd'hui une première ligne de prêt-à-porter entièrement en cuir, sa matière de prédilection. Troué, surimprimé, manipulé, il est travaillé comme du tissu. En clin d'oeil à une pin-up des années 50, la taille est de guêpe et les jambes infinies : capes amples en cuir et strass Swarovski, ceintures larges qui enserrent la taille, boléros à manches ballons, jupes entravées : «L'accessoire sert de point de départ à la création d'une collection, c'est une façon de penser à mes vêtements comme complément à une tenue.» C'est encore expérimental et quelques rares pièces sont exposées dans sa boutique et vendues sur commande, mais elle vit cette nouvelle expérience comme une révélation, un retour aux sources : «Mon père est tailleur. J'avais probablement un complexe et le fait de revenir au vê