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Libération
Critique

«Défendre l'innovation, bousculer la tradition»

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publié le 11 février 2005 à 0h30

En 1994, deux jeunes artisans travaillent dans la même entreprise de mobilier. Bruno Domeau (né en 1962) est sellier, Philippe Pérès (né en 1970) est tapissier et a été sept ans compagnon. Du savoir-faire, ils en regorgent. «Mais, affirment-ils, on ne se retrouve plus dans le mobilier de style, dans la reproduction du passé.» Alors, ils frappent aux portes des designers, leur proposant «une collaboration sur mesure» pour inventer ensemble des pièces nouvelles. Le premier à leur répondre, c'est Christophe Pillet, pas encore très en vue à l'époque puisqu'il sort tout juste de chez Starck. Ils se font la main ensemble dans un bar musical parisien, un hôtel particulier à Boulogne, tandis que le duo travaille à la diable dans le salon de Bruno. En 1996, ces apprentis «fabricants-éditeurs» s'installent dans un garage de 40 m2, à La Garenne-Colombes. En 1997, ils débutent au Salon du meuble où ils apparaissent comme des ovnis très remarqués. Leur première pièce emblématique, qui reste leur mascotte, c'est la Video Lounge de Pillet, chauffeuse et repose-pieds, version laine ou poulain et pieds inox. Une sculpture de luxe, mais éditée, reproductible. A un prix de marché. «Ce sont d'incroyables artisans que je découvre alors, explique Pillet, capables de toutes les performances techniques. Avec eux, je dessine, ils fabriquent, mais c'est comme si nous étions une même tête guidant de mêmes mains. Avant eux, on avait failli oublier que la haute facture pouvait servir la création contemp