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Libération

Suicide du producteur Humbert Balsan.

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Audacieux et éclectique, il a financé aussi bien Chahine, Suleiman, que Sandrine Veysset ou Claire Denis.
publié le 11 février 2005 à 0h29

Hier, 17 heures, sur le répondeur téléphonique de sa maison de production, Ognon Pictures, c'est toujours sa voix qui inlassablement accueille les appels et promet qu'il rappellera «as soon as possible». Mais Humbert Balsan ne rappellera plus. Arrivé vers 9 heures dans ce bureau dont la fenêtre donnait sur l'église Saint-Eustache, il s'y est donné la mort. Par pendaison. L'annonce de ce geste tragique a plongé tous ses amis dans une stupeur atterrée, dont les échos se sont répercutés silencieusement jusqu'au festival de Berlin.

Comédien. Il y a deux ans, c'est lui qui était monté sur la scène de la Berlinale prononcer un dernier hommage à Daniel Toscan du Plantier, décédé le matin même. Hier, dans la consternation générale, nul ne se sentait le courage de relever cette funèbre coïncidence. Producteur audacieux et éclectique, Humbert Balsan aura, en une trentaine d'années, engrangé une filmographie de plusieurs dizaines de longs métrages signés Youssef Chahine, Philippe Faucon, Yousry Nasrallah, Elia Suleiman ou, plus récemment, Gilles Porte et Yolande Moreau.

A ses débuts, Balsan avait aussi été comédien, à la grâce de sa haute stature et de sa belle prestance. Robert Bresson l'avait introduit au cinéma, en 1974, en Gauvain de son Lancelot du Lac. Balsan avait enchaîné en devenant son assistant sur le Diable probablement. Peu de temps après, avec Stéphane Tchalgadjieff, il créait la société Odyssée, et produisait la deuxième réalisation de Jean-Louis Trintignant (le Maître nag