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Libération
Critique

Camille se fait un prénom.

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publié le 15 février 2005 à 0h34

Elle ne veut pas nous voir. Elle a raison : on l'a négligée à l'heure de son premier disque, ne parvenant pas à déceler ce qu'elle ignorait probablement d'elle-même. Et elle a tort : on ne pourra pas lui dire tout le bien qu'on pense de son nouvel album, l'étourdissant le Fil. Deux ans et demi après le Sac des filles, Camille semble avoir résolu sa propre équation.

«Amant monument». Comme consumée, brûlée «sur le plus haut volcan que l'amour ait éteint», elle a envoyé valdinguer toutes ses postures d'originale, de gamine minaudant, pour laisser place à son récit. Dans les quinze chansons et interludes du Fil, c'est toute une pelote de névroses qu'elle déroule, de chagrin, d'hystérie, de folie de l'abandon, d'une passion à défaire, l'effort qu'il faut pour se reconstruire après avoir bâti des ruelles, des villes pour un «grand capitaine, un amant monument». Une chimère, finalement.

C'est une lecture qu'on peut faire de ce témoignage qui résonne étrangement avec celui d'une autre grande amoureuse qui a fini délaissée, sous le même prénom de célèbre sculptrice, à l'asile. Camille, qui ne sait même plus comment elle s'appelle : «Pourquoi tu m'appelles Janine, alors que j'm'appelle Thérèse ? Pourquoi tu m'appelles sous X alors qu'j'm'appelle Y ? Pourquoi tu m'appelles Airbus alors que j'm'appelle herpès ?»

A 26 ans, de solides études derrière elle, Camille Dalmais s'est fait autant connaître pour ses participations extérieures que pour ses projets en solo. On l'a entendue sur l'obje