(à Jérusalem)
L'écrivain israélien Ephraïm Kishon s'est éteint la semaine dernière à l'âge de 81 ans en Suisse et a été enterré en Israël. Au-delà des éloges convenus en la circonstance, de nombreux artistes et humoristes lui ont rendu hommage. En effet, écrivain prolifique, Ephraïm Kishon a incarné l'esprit d'une génération, celle des lendemains de la création de l'Etat d'Israël jusque, au moins, la guerre des Six Jours de 1967.
Né Ferenc Kishont à Budapest, rescapé de la Shoah, il a immigré en 1949. D'une certaine manière, il en a gardé longtemps le regard d'un réfugié : à la fois fier de sa nouvelle patrie, de plus en plus nostalgique de la vieille Europe, et en même temps perplexe devant une société en gestation. A ce titre, il aura été l'un des meilleurs chroniqueurs de l'Israël des pionniers, de l'austérité, des immigrations de masse, qui ont brassé «Occidentaux» et «Orientaux», des ridicules de la bureaucratie aux mains du parti Mapaï (l'ancêtre des travaillistes) et de la bonhomie frondeuse des camps de transit.
C'est avec deux films, Sallah Shabati (1964) et le Policier Azoulay (1971), qu'il connaîtra l'apogée dans son pays. A sa sortie, Sallah Shabati a été vu par près de 1,5 million de spectateurs dans un pays qui comptait quelque 4 millions d'habitants. Dans ses films, il exprime au mieux le levantinisme, la débrouillardise des humbles et les tensions entre ashkénazes et séfarades Ñ avec un rien de condescendance à l'égard de ces derniers.
Auteur de 50 livres, tradui