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Libération
Critique

The Game, franc-jeu

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publié le 16 février 2005 à 0h35

En concert à Londres quelques jours avant ses deux dates parisiennes, The Game ne porte pas les couleurs de son gang, le rouge des Cedar Block Pirus Blood, mais un sweat gris, plus neutre. De sa voix cassée, il entonne les titres de son récent album, The Documentary, dont le succès rapide rappelle celui de Doggystyle, que sortait son aîné Snoop Dogg en 1993.

Jayceone «The Game» Taylor est le nouveau protégé de Dr Dre, le producteur californien à l'origine des succès phénoménaux d'Eminem et de la nouvelle égérie du gangsta rap, 50 Cent. Sans le talent et l'expérience du membre fondateur des Niggaz With Attitude (NWA), ces rappeurs n'auraient certainement pas connu une telle carrière. Après Snoop Dogg, cela faisait plus de dix ans que Dr Dre n'avait pas misé sur un artiste venu de sa ville, Los Angeles. En 1988, il y posait les bases du gangsta rap avec les NWA : des chroniques cyniques et crues de leur quartier, Compton, miné par les gangs et le crack, une musique boostée par les basses du P-Funk, et des slogans provocateurs dont le fumant «Fuck The Police».

Tatouage. The Game a 9 ans quand les NWA sortent leur premier album, Straight Outta Compton. La guerre entre les Crips et les Bloods, les deux principaux gangs des quartiers noirs de Los Angeles, fait rage, tuant plus de 1 000 personnes par an. La mère de The Game est une Crip, son père vient d'être arrêté pour avoir abusé de ses deux petites soeurs. Le gamin est placé en foyer. A son retour, en 1995, son idole Eazy E, le p