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Critique

Giacomelli, la magie du réel

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En 165 clichés noir et blanc, la Bibliothèque nationale expose le travail du photographe italien autodidacte dont le regard se mâtinait d'imaginaire.
publié le 17 février 2005 à 0h37

Rien n'est plus mystérieux qu'une photographie de Mario Giacomelli (1925-2000), s'attachant à brouiller les pistes, non par bravade, mais par obstination contre son plus fidèle ennemi : le temps. A cet Italien spirituel qui ne fit jamais rien comme tout le monde, la Bibliothèque nationale rend hommage en 165 tirages extraits des nombreuses séries qu'il réalisa en noir et blanc. Titre de l'exposition : «Métamorphoses». Pour l'accrochage, Anne Biroleau, conservatrice chargée de la photographie contemporaine, a préféré «faire entrevoir une construction visuelle complexe, en constante évolution», plutôt qu'une banale chronologie.

On s'y perd parfois. Certains rapprochements ne marchent pas. Mais cela permet d'envisager de manière plus individuelle cette oeuvre si curieusement alchimique qui emprunte à la poésie comme à la peinture (on pense à André Marfaing), et aussi à la typographie, l'une des passions de Giacomelli, qui gagna sa vie comme imprimeur à Senigallia, dans la région des Marches. En ces temps où l'on se doit de goûter aux chefs-d'oeuvre dans l'obscurité, à voix basse et à basse température, «Métamorphoses» prouve qu'il est encore possible de jouer avec la photographie sans se prendre au sérieux. D'ailleurs, les visiteurs ne s'y trompent pas et s'en donnent à coeur joie, ils parlent à voix haute car c'est ainsi : Giacomelli rend bavard.

«Faire part.» Ce que l'on apprend, au fur et à mesure de la progression dans l'univers enchanté de cet autodidacte aux cheveux longs,