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Libération
Critique

Misumi, lame de poète

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publié le 18 février 2005 à 0h38

«Il n'y a pas de technique, il n'y a qu'une vérité : dégainer, tuer, rengainer.» La phrase pourrait être tirée d'un film de Sergio Leone. Elle est en fait une réplique clé de la Lame diabolique, une oeuvre culte de Kenji Misumi qui, dans les années soixante, a fait subir au «chambara» (le film de sabre japonais) un traitement équivalent à celui que le réalisateur italien faisait subir au même moment au western américain : un goût affirmé pour l'innovation, une relecture radicale des codes narratifs et esthétiques du genre, un primat du visuel sur le scénario. Le coffret de trois films ­ tous inédits en France ­ restaurés par Wild Side permet de réévaluer l'oeuvre du prolifique Kenji Misumi.

Génie graphique. Connu surtout comme un artisan du cinéma populaire nippon ­ il a signé de nombreux épisodes des séries Zatoichi (le masseur sabreur aveugle) et Baby Cart (l'Enfant massacré) ­, Misumi se révèle ici comme un grand créateur de formes. Un génie graphique qui, explique un de ses proches en bonus, prenait souvent la place de ses chefs opérateurs, incapables de satisfaire à ses exigences de cadres complexes.

Sans surprise, le film le moins impressionnant du lot est d'ailleurs le plus bavard. Le Sabre, sur la rivalité au sein d'un club de kendo, est une adaptation d'un roman de Mishima où transpirent les obsessions de l'écrivain nationaliste : l'idée d'une jeunesse pure, l'accomplissement de soi par l'activité physique jusqu'à la douleur et l'épuisement, le conflit entre la spirit