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Libération
Critique

Mahler ne fait pas le bonheur.

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publié le 22 février 2005 à 0h41

Le Ballet de l'Opéra national du Rhin a régulièrement convaincu le public, avec des programmes ne cherchant ni l'événement ni la mode. Ainsi la reprise d'une oeuvre de référence de la post-modern dance, Dance, de Lucinda Childs, fut un grand moment, révélant l'appétit des danseurs de la compagnie. Le nouveau programme est moins jubilatoire : il s'agit de deux chorégraphies d'après Mahler.

En écrivant sur la Xe Symphonie, le jeune chorégraphe Andonis Fonodiakis, ex-danseur au Ballet de l'Opéra de Lyon, n'a pas cherché à suivre la partition musicale mais à ramener sur scène son refoulé : «Si Gustav Mahler a trouvé du plaisir à écrire, il a effacé son propre sens du plaisir. Dans ma danse, je tente de retrouver la chair de ce désir dissimulé dans la musique.» Les corps, costumés en faux nus, collants chair, se livrent à un ballet soutenu où les entrées et sorties viennent tantôt vider l'espace, tantôt le faire vibrer.

Dans un mouvement collectif, on glisse d'un corps à l'autre. A des envols traduits par des portés, correspondent des arrêts dessinés comme des frises, érotiques souvent. Véloce, la danse devient une partition parallèle à contre-pied qui n'empêche nullement d'écouter la musique. Dans cette entreprise, Fonodiakis gommant nos habitudes d'auditeur, laisse surgir le désir charnel, qui concerne le groupe et plus seulement la figure du couple ou du pas de deux.

Le Chant de la Terre, de Bertrand d'At, chorégraphe par ailleurs directeur du Ballet, est encore autre. Brouillé d