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Libération
Critique

Gina Pane, femme d'«actions»

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publié le 28 février 2005 à 0h45

Une femme brune s'ennuie devant une fenêtre. Le film est muet et la femme brune, de plus en plus fébrile, accumule les symptômes de l'attente de rien qu'est l'angoisse. Solitrac (1968, 9') est le seul film 16 mm tourné par Gina Pane (1939-1990) avec sa compagne, Anne Marchand. Il pose un contrepoint à la vision des «actions» de l'artiste, moins méconnues, suggérant qu'il existe, même dans l'art corporel de Gina Pane, des temps morts et du silence. L'exposition propose en effet une vision de l'artiste, moins en action qu'en deçà (dessins préparatoires) ou au-delà (compositions photographiques) de la performance, dans l'avant ou l'après-coup du geste évaluant un risque et mettant le corps en jeu.

Déséquilibre. Toute l'émotion des premières images tient à cela. Au-dehors des cimaises, Hyde Park Gazon (1965-66), un volume bas vert et incurvé, invite un pied imaginaire à se placer et pose la question de son déséquilibre. A l'intérieur, c'est d'abord le groupe des oeuvres faites dans la nature : Pierres déplacées (1968-70) dresse le constat photographique du changement d'orientation de quelques cailloux et implique aussi l'imagination d'une mise en attente, celle du soleil auquel l'artiste prévoit que les pierres seront exposées. Sur la photo entoilée et annotée Situation idéale : Terre-artiste-ciel, (1969), l'artiste se campe, afin d'apparaître devant l'objectif exactement au milieu d'une bande de terre et d'une bande de ciel. Ce qui fait encore naître l'idée qu'ici le corps s'ins