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Justes césars

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En récompensant largement «l'Esquive», les votants se sont révélés en phase avec la société et la critique si ce n'est avec le public.
publié le 28 février 2005 à 0h45

Fini de rire. Alors qu'au fil du temps (trente ans déjà) la cérémonie des césars était la bonne occasion d'une soirée télé entre amis et entre joints, l'édition 2005 a joué à contre-emploi. A deux ou trois détails près (Sarabande de Bergman, recalé pour le meilleur film européen), le palmarès est le nôtre, et par ailleurs parle de nous à plus d'un titre.

D'abord par la grâce d'Isabelle Adjani, impressionnante de dignité, qui, après avoir rappelé ce qu'elle est («moi, l'Algérienne, moi, l'Allemande, moi, la Française»), dédia sa présidence à Florence Aubenas et Hussein Hanoun al-Saadi. Merci à elle et aux césars. Mais le palmarès nous ressemble aussi par sa façon de récompenser au plus haut point «un petit film sur des beurs de banlieue» (sic la doxa ambiante). Que les Choristes ou Un long dimanche de fiançailles repartent le césar entre les jambes ou presque, au profit de l'Esquive, excellent film d'Abdellatif Kechiche (les quatre césars les plus importants, dont le suprême de meilleur film), est pour le moins le signe d'un virage. Dangereux pour certains, salutaire pour d'autres.

Budgets modestes. En attendant l'an prochain, les césars 2005 ont apparemment cessé d'autocongratuler les succès et d'encourager l'évidence. Lesté de ses césars, l'Esquive et ses «seulement» 300 000 entrées pèsent soudain symboliquement plus lourd que les 8,6 millions d'entrées des Choristes ou les 4,5 millions d'entrées d'Un long dimanche. De même pour le césar du meilleur premier film à Quand la me