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Libération
Critique

L'apparition Phantom Buffalo

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«Shishimumu» révèle un groupe américain farfelu. Eloge du rock dégénéré.
par BAYON
publié le 28 février 2005 à 0h45

Voilà un bail (Fiery Furnaces ?) qu'on n'avait entendu quelque chose d'aussi biscornu. La sensation qu'engendre l'écoute, un peu chancelante et fausse, de Phantom Buffalo ­ groupe rétro-évolutionniste d'étudiants en art de Portland (Maine), qui s'appela initialement (1998) The Ponys ­, rappelle faute de mieux le groupe tordu Dinosaur Jr., mêlé de ce qu'on étiqueta une saison «les chaussettes humaines», autour de gondolés attachants à la Cow Boys International ou The Jabobites.

Voix flottantes, mélodies décousues, morceaux emboutis, rock gaufré, riffs flasques (sens satien) hantés de muséologie pop (Kinks, Who, Hermans'Hermits), fins indécises et attaques décalées, le résultat, ouvrant sur Golden Finish, est inattendu d'agrément. Artisanalement inabouti. Comme si l'on se trouvait incessamment à finir le boulot (l'ouvrage serait beaucoup dire), pièce à pièce, avec les bouts du puzzle artiste brut de décoffrage en plan ­ peut-être suivant un dessein conducteur, mais rien de moins sûr.

On a pu voir Phantom Buffalo fils de Ponys, qui se situe lui-même quelque part entre Mad Magazine et Jim Jarmusch, comme un Durutti Column rejouant Pretty Vacant des Sex Pistols produit par Kim Fowley ­ et sniffant au passage un ou deux rails volés de J'entends siffler le train (sur Anywhere With Oxygen).

Pouf. La deuxième plage est ainsi un instrumental statique cassant net l'Embarquement pour Cythère. Et la chute (si l'on peut dire) de Wilamera, comme de Cheer Up My Man, fait plus que le début ; ex