On peut toujours parler d'Andrée Putman. Elle est toujours d'actualité. Elle est «là», «déambulatrice souriante» de toute sa longiligne silhouette de femme dandy née en 1925. Montée sur mules, même en hiver. A Villepinte, au salon Maison & Objet 2005 dont elle est l'une des créatrices de l'année ; rue Royale, chez Christofle, où elle vient de signer une collection de bijoux en argent. Architecte d'intérieur internationale, elle vit comme une «forcenée» depuis qu'elle a adopté ce métier «par accident de la vie», elle qui était musicienne de coeur. Il y a toujours une petite lumière dans ses yeux, du silence et un sourire entre ses mots, ce qui lui permet de parler par petites touches. Elle a l'art de la conversation, comme l'aisance de vous asseoir, en terrain connu, sur un canapé qui envoie quelques signaux du passé tout en étant objet présent.
«Une amie je suis très peinée par sa récente disparition parlait de mon travail comme une suite de romans.» Putman évoque Sophie Tasma-Anargyros, journaliste qui a croqué tant de portraits de designers dans la revue Intramuros et qui a écrit (1) : «Les édifices de Putman sont des séquences de contes muets. Ils relatent un effacement, une disparition de quelque chose qui fut cependant et dont elle façonne la trace.» «Elle avait raison, poursuit-elle, créer un intérieur, c'est faire le portrait du propriétaire, sans que cela se voie ! Et que cela soit indatable.»
Andrée Putman a été journaliste, elle pose beaucoup de questions. «Avez-