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Libération
Portrait

Nadim Mohd, l'homme par qui la vidéo est arrivée

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publié le 4 mars 2005 à 0h49

C'est une image inoubliable. Lata Mangeshkar, «the voice of India», l'idole aux 30 000 chansons et aux 4 000 films, avance dans la minuscule rue Jarry, dans le Xe arrondissement de Paris. En cet après-midi de juin 1986, la dizaine d'immigrés indiens et pakistanais n'en croient pas leurs yeux. Sur le seuil de sa boutique, le Wembley Ltd, un jeune homme accueille la diva au sari rose, un bouquet de fleurs à la main. C'est Nadim Mohd, l'inventeur en Europe de la distribution vidéo des films de Bombay. Six ans auparavant, il a ouvert la première des enseignes qui ont fleuri dans tout le quartier de La Chapelle et du Faubourg-Saint-Denis. A l'occasion de cette visite, la chanteuse ne mâche pas ses mots à l'encontre du cinéma indien : «Au début des années 70, le cinéma a changé, influencé par l'Occident. Et nous avons gardé le pire de cette affreuse culture disco», disait-elle alors à Libération.

Presque vingt ans plus tard, Nadim Mohd court encore les rues du quartier. S'il produit nombre d'artistes africains (Koffi Olomidé ou Papa Wemba), il fait toujours un tour dans ses magasins de vidéo. Pourtant, à cause de son passeport pakistanais, ce Pendjabi de la région Chichawatni n'a jamais mis les pieds en Inde et attend toujours une réponse à sa demande de visa. Un comble pour l'interlocuteur privilégié en Europe, depuis vingt-cinq ans, des studios de Bombay. «Enfant, dans mon village, je n'avais que la radio pour capter en cachette Radio New Delhi et écouter les voix des hindous Lat