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Libération

Cosmic Wonder, intersidérant

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Un défilé façon expo pour une collection zen.
publié le 11 mars 2005 à 0h56

Il y eut certes les belles au bois dormant debout de Viktor & Rolf, ou encore les femmes à col appuie-tête en moquette rasée de Hussein Chalayan. Mais, dans le genre spectaculaire et décalé, Cosmic Wonder a atteint la stratosphère.

Comme pour sa précédente collection, Maeda Yukinori (qui accédait pour la première fois au «in») a reconduit la formule du non défilé-exposition : dans une galerie de la place des Vosges, une quinzaine de garçons et filles en état de stase attendent le visiteur sous des structures en forme de tipis. Debout ou assis, tous ont les mains et les pieds (nus) bleuis par la température polaire (dehors, il neige à verse), certains glaglatent carrément ; mais aucun ne cille. Tourner autour, s'éloigner, se rapprocher, rester planté devant tel modèle ou le zapper : face à ces statues, l'affaire suscite une approche muséale quand les «vrais» défilés, pliés en vingt minutes maxi et au pas de charge, n'autorisent que la passivité ­ jusqu'à la cataplexie, état qu'on a même pu observer dans les tout premiers rangs.

En écho à cette mise en scène radicale, les vêtements Cosmic Wonder sont à prendre ou à laisser : grandes cotonnades (bio !) crème drapées et nouées, façon kimono de judoka ou paysans d'antan (pantalons sur chevilles bandées), amples lainages blancs cousus de fils d'or, retravaillés pour de somptueux ponchos, vestes, manteaux à effet de fourrure et ornés de motifs calligraphiques vert d'eau ou cyan... Immaculé, zen, reposant, tout ça a évidemment un air