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Libération

Le don du son

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publié le 11 mars 2005 à 0h56

Depuis juillet 2000, des CD non identifiés fleurissent dans les bacs des magasins de disques. Si, par curiosité, un client s'en saisit et se rend à la caisse, le vendeur, décontenancé par ces marchandises non étiquetées, sans code barre, ni prix, sera incapable d'en retrouver la moindre référence dans le catalogue. Le Droplift Project, jeu de mots sur shoplift («vol à l'étalage» en anglais), consiste à déposer généreusement, sans autre objectif que de partager sa musique, des CD sur les rayonnages à l'insu de l'exploitant.

Cette technique de parasitage a été lancée outre-Atlantique par une trentaine de musiciens, adeptes du collage sonore, pour contester les lois du copyright aux Etats-Unis. Ces compositeurs, qui échantillonnent des sons enregistrés à la radio, à la télé, glanés sur des CD ou des cassettes, protestent contre les poursuites engagées contre les artisans du sampling par l'industrie du disque et revendiquent le droit de retravailler les sons comme n'importe quelle matière première : «Aux Etats-Unis, il y a beaucoup de tension entre les tenants du copyright qui voudraient contrôler la manière dont les gens utilisent leur musique et les artistes qui veulent utiliser ce matériel comme une matière première pour l'art», explique le coordinateur du projet Tim Maloney, basé à San Francisco.

Champions. Les artistes se sont rencontrés sur le Net par l'intermédiaire d'une liste de diffusion consacrée au collectif Negativland, pionnier du collage audio (1). L'obscur groupe e