1 Des animaux morts tu porteras
Dans la foulée de Milan, Paris a embrayé avec un déluge de fourrure. Après une décennie où la mode, paralysée par un violent dilemme existentiel («c'est mal mais ça tient tellement chaud»), avait remisé la matière honteuse au placard, tous les créateurs ou presque se sont passé le mot pour retourner leur veste doublée de vison. Plus qu'un complot antiécolo, il faut y voir une simple conséquence de la baisse des prix de revient avec l'arrivée sur le marché des producteurs chinois. D'où les visons, astrakans, renards argentés, blaireaux, chinchillas, écureuils... Dommage collatéral : l'entartage d'Anna Wintour, rédactrice en chef du Vogue américain concernant la nature de l'arme, le New York Times a supputé un plat à base de foie gras avant que l'association activiste antifourrure Peta ne précise qu'il s'agissait de tofu.
2 Aux vêtements portables tu t'abonneras
«Portabilité», le mot le plus entendu durant cette semaine, pourrait se traduire tout bêtement par «commercial». Pour certains observateurs, c'est la fin des années de délire, quand les créateurs pouvaient se permettre de transformer leur podium en happening pyrotechnique où il était difficile de distinguer la moindre pièce mettable. D'autres déplorent ce nouveau conformisme qui donne lieu à des jugements définitifs («tout était super-chiant cette saison»). Emblème de ce revirement, John Galliano passé de la folie baroque à un vestiaire adapté aux goûts de ses différentes clientes. Une