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Libération
Critique

Souvenirs d'un «Homme blessé»

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publié le 11 mars 2005 à 0h56

Patrice Chéreau l'a souvent admis : si l'Homme blessé est, chronologiquement, son troisième long métrage, il le considère comme son véritable premier film. Après deux réalisations sous forme d'exercices de style, le metteur en scène de théâtre osait enfin se risquer dans une oeuvre vraiment personnelle, tant sur la forme (on est loin des codes, voire des tics, du cinéma de genre de la Chair de l'orchidée) que sur le fond (un sujet, la douloureuse initiation à l'amour d'un jeune homosexuel, en résonance avec ses angoisses, ses obsessions intimes).

Reproches. Très attaché à son film, Patrice Chéreau s'est beaucoup investi dans son édition DVD. Accordant ­ au même titre que le comédien Jean-Hugues Anglade et le chef opérateur Renato Berta ­ une longue interview rétrospective sur la genèse de l'Homme blessé. Ce genre d'entretiens tourne souvent à l'avalanche d'anecdotes nourries d'autosatisfaction. Pas les souvenirs de Chéreau, riches en informations précieuses sur l'écriture du scénario avec Hervé Guibert, le choix de Vittorio Mezzogiorno (remplaçant in extremis Christophe Malavoy, finalement jugé trop proche physiquement de son partenaire Jean-Hugues Anglade). Et aussi sur l'accueil fait au film : «On m'a tout reproché, soupire le cinéaste vingt-deux ans après, de montrer une vision malheureuse de l'homosexualité et même d'être la préfiguration du sida.»

Contraste. D'une humilité frôlant l'autodénigrement, Patrice Chéreau insiste sur le salutaire «poids de réalité» apporté par J