Tombeau, «composition poétique, oeuvre musicale en l'honneur d'un artiste, d'un grand homme disparu», dit le Petit Robert. Poésie (des mots, des images) et musique (des mots, du montage) sont effectivement les premiers mots qui viennent à l'esprit quand il s'agit d'évoquer l'admirable tombeau cinématographique que Chris Marker a composé en hommage au réalisateur soviétique Alexandre Ivanovitch Medvedkine. «Le portrait d'un ami» né en 1900 sous le régime tsariste et mort en 1989 dans l'euphorie de la perestroïka, mais aussi, explique Marker, le portrait d'une génération à la fois fer de lance et victime de la révolution communiste en URSS. A ce titre, poursuit le réalisateur du Fond de l'air est rouge, ce luxueux DVD, fait «d'une ronde ophulsienne de rencontres, de hasards, d'amitiés et de découvertes», peut être considéré comme le «dernier bouquet déposé sur la tombe d'un homme unique, témoin et victime d'un siècle qui ne le méritait pas». On y trouvera donc le Bonheur, le chef-d'oeuvre muet de Medvedkine, un film de propagande comique, «quelque chose comme Méliès et Mack Sennett revus par Eisenstein» (Barthélemy Amengual, dans un beau texte de la revue Positif repris sur le livret du DVD). En 1971, ce fut Chris Marker et son collectif Slon qui organisèrent la sortie du film en France, invitant Medvedkine à venir témoigner devant une caméra pour le moyen métrage le Train qui marche (dont un long extrait est présenté en bonus). Medvedkine y racontait l'incroyable aventure du
Critique
Marker, in memoriam
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par Samuel DOUHAIRE
publié le 25 mars 2005 à 1h08
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