Menu
Libération
Portrait

Un homme de caractères

Article réservé aux abonnés
publié le 25 mars 2005 à 1h08

Quand on quitte les bureaux d'Etienne Robial à Boulogne, on ne voit plus dans la rue que des camions de déménagement. Et leurs vilains logos. Ou cette camionnette de location recouverte de l'énorme sigle rouge de sa marque. Car Robial venait de dire : «On passe son temps à rénover des bâtiments, à embellir les villes. Alors que ce sont les camions de déménagement, dont les noms ne sont plus peints à la main, dont les lettres adhésives sont déformées, qui défigurent les cités.»

C'est avec ce genre de phrase qu'on sent que cet homme-là a des obsessions. Que depuis quarante ans, ce graphiste (né en 1945) tient fermement à l'oeil lettres et typographies. Même si sous sa paupière, ce jour-là, il retient une larme. Il vient de perdre son complice et associé de sa société ON/OFF, Matthias Ledoux, le réalisateur télé avec lequel il a inventé l'identité visuelle sur le petit écran : sur La Sept (avant Arte), M6 et Canal +.

Futuropolis. A feuilleter le bouquin qui lui est consacré par les éditions Pyramid, Etienne Robial apparaît comme l'acteur de l'ombre ­ c'est souvent le cas du «peintre en lettres» ­ mais «devant» nombre de légendes éditoriales. Dans le domaine de l'image, de la BD et de la maquette. Défilent ainsi la mise en page de l'Enragé, brûlot de 1968 (ce qui lui vaut un peu de prison), une collaboration avec Filipacchi et Barclay pour qui il conçoit dans les années 70 des pochettes de disques. Puis sa fameuse librairie Futuropolis, fréquentée par Fellini et Eddy Mitchell. Qui