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Libération

L'Actrice qui chante

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publié le 1er avril 2005 à 1h20

Les pédagogues convoquent souvent «la Vache qui rit» pour expliquer la notion de «mise en abyme». L'exemple du célèbre fromage parle mieux que les origines héraldiques de l'expression. «Tu regardes les boucles d'oreilles de la Vache qui rit sur la boîte. Lesquelles reprennent le même motif à l'infini. Et t'as tout compris.» Pour le prix d'une seule part de fromage de merde, on a expliqué aux enfants la «structure spéculaire» ET le «métalangage» ! Seulement voilà. L'outil pédagogique a vieilli. Heureusement, il y a désormais «l'Actrice qui chante». En l'occurrence, Sandrine Kiberlain. Mieux que la Vache qui rit, la «godiche» autoproclamée réactive sympathiquement la figure stylistique. Jusque-là en effet, l'Actrice qui chante, c'était juste... une actrice qui chante, aidée par un mentor-compositeur : Jeanne Moreau, Catherine Deneuve, Isabelle Adjani, Jeanne Balibar, Carla Bruni, etc. Or, dans Manquait plus que ça, Sandrine Kiberlain (1) se lance dans la «métachanson». Sur un facétieux banjo, la jeune frigide «reloaded» du Septième Ciel pastiche sa propre condition suspecte d'Actrice qui chante. Comme le Je ne suis pas dupe de Jeanne Balibar, Kiberlain admet elle-même qu'«elle fait sa Carla», qu'«elle fait sa Vanessa», désamorçant toute critique de suivisme et favoritisme show-biz, d'insignifiance ou de chantage marketing. Que lui répondre ? Que lui reprocher ? Que lui rétorquer ? Puisqu'elle s'adresse d'abord à elle-même le refrain critique éventuel de la vox populi («manquai