Saint-Emilion envoyé spécial
La citadelle médiévale de Saint-Emilion a été, samedi dernier, le théâtre d'une conjuration oenophile. A l'ombre du clocher surplombant le vignoble, une assemblée de vingt-cinq amateurs et professionnels s'est retranchée dans l'arrière-boutique de l'enseigne Vignobles & Châteaux.
Objet de la conspiration : juger de l'ensemble des vins cités dans le film Mondovino (lire ci-contre), pamphlet antimondialisation et fervent plaidoyer pour le p'tit vin de famille qui a soulevé les passions. L'idée est enthousiasmante : confronter le propos radical du film à la réalité des bouteilles. Autrement dit, les vins de terroir sont-ils meilleurs que ceux émanant de grandes multinationales américaines ? Y a-t-il, véritablement, risque d'uniformisation des goûts ? Au même moment, par une discrète ironie, le critique américain Robert Parker, cible favorite du film, se trouvait non loin, en train de déguster les primeurs.
Indépendants. La «Dégustation Mondovino» a été organisée par des amateurs qui animent un site (1) et ont été sidérés de la vivacité de la polémique à la sortie du film. Leur site, mis en ligne en 2002, est devenu depuis le plus important forum francophone sur le vin. Il compte un psychiatre, un chef d'orchestre, un juriste, un philosophe, un gynécologue, un autre médecin... qui vivent en France, en Inde, en Belgique ou en Suisse. Financé par ses seuls créateurs, il est farouchement indépendant, n'acceptant ni publicité ni lien commercial.
Ce club a dé