La sidérante séduction du dernier «snoooooop !» mérite toute notre attention. Moins pour sa chic et mat production, due au célèbre génie Pharell Williams, que pour son «flow». Autrement dit, la diction. Le débit. Le style. Le phrasé. Celui de Snoop Doggy Doog est mutatis mutandis au hip-hop «west coast» ce que les phrases sinusoïdales sont à Marcel Proust. Le «flow» demeure le ressort central du genre. Trop peu pensé. Toujours négligé. On ne s'intéresse le plus souvent qu'à la performance technique (les battles d'Eminem dans 8 Mile par exemple), au contenu social des lyrics ou à la puissance évocatrice des «métaphores», ou «métagores» comme l'évoquait l'écrivain Thomas A. Ravier à propos du Français Booba. Sur le flow lui-même, pas ou si peu de chose. Dans Gangsta Rap (1), Pierre Evil consacre justement trois pages à la seule question du «flow» chez Snoop. Pour ce journaliste subculturel érudit, Snoop a très tôt trouvé sa voix. «La Voix», écrit-il lyriquement à propos de ce personnage à la «haute carcasse arachnéenne» et «aux traits creusés». Il décrit : «Snoop ouvre la bouche et les mots s'enchaînent aux autres dans une ondulation paresseuse, parfois entrecoupées de brusques accélérations, qui revient toujours à cette langueur nonchalante.» Une impression de «sortir sans effort, enveloppée de l'extatique torpeur que déclenchent les cigarettes qui font rire». Outre la drogue, en effet, qu'il consommait en abondance, et ses origines sudistes, qui ont façonné sa diction, c'est
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