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Libération
Critique

Juste Yamamoto

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publié le 15 avril 2005 à 1h46

Dans Fashion Now, recueil d'interviews de plus de 150 créateurs contemporains (1), Yohji Yamamoto apporte à la vaseuse question, «Quelle est votre philosophie ?», cette réponse aussi lapidaire qu'impeccable : «Allons...» Ce refus de sacralisation, on le retrouve dans l'intitulé de l'exposition que lui consacre le musée de la Mode et du Textile, «Juste des vêtements». L'appellation minimaliste n'est pas une posture en rupture avec l'hystérie dans laquelle est censée baigner «le milieu de la mode». Sur deux étages et autour de quelque 90 vêtements, le scénographe Masao Nihei, fidèle collaborateur de Yamamoto, a élaboré un parcours où prévaut l'aspect artisanal de l'affaire YY.

Sans cliché. Le parti pris «fabricant» présente le double avantage d'offrir une vue intimiste sur le travail d'un grand manitou de la mode et de tordre le cou à un cliché ici et là encore bien arrimé: Yamamoto serait l'incarnation du créateur japonais, hyperconceptuel, hyperabscons et donc quasi importable. Cette réputation poursuit le petit bonhomme depuis l'Antiquité, soit 1981. Cette année-là, pour la première fois, le fils d'une couturière veuve de guerre défile à Paris aux côtés de Rei Kawakubo, sa compagne d'alors et future créatrice de la toujours très expérimentale marque Comme des Garçons. Monochromie (noir), vêtements troués, effilochés, portés par des filles aux regards plombés: l'establishment fashion, à l'époque bien au chaud sous les épaulettes des executive women, s'arrache les cheveux, vil