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Libération

Le vieil instit et l'Europe

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publié le 15 avril 2005 à 1h46

Qu'y a-t-il de plus triste qu'un vieil acteur continuant de jouer son rôle quand la pièce est finie ? Jean-Marie Cavada, peut-être. Lundi soir, il est l'un des invités de l'émission Mots croisés, sur France 2. Il a vieilli, empâté. Il est de retour à la télé. Non pas en animateur, mais en député (européen, apparenté UDF, favorable au oui). Sujet : le référendum sur la Constitution européenne. Deux participants paraissent avoir bossé : Olivier Besancenot et Pierre Moscovici. Quand ils parlent, les enjeux du texte vivent. Les autres se contentent de répéter les slogans qui alimentent leurs personnages, sans que jamais leurs répliques ne soient touchées par la matière ou les conséquences du texte. Ils sont les mainates de leurs propres discours : comment peut-on à ce point se ressembler ? Marine Le Pen n'aime pas le traité constitutionnel parce qu'elle aime tellement sa nation : Française d'abord ! Clémentine Autain ne l'aime pas parce qu'elle n'y trouve pas la reconnaissance du droit à l'avortement : femme d'abord ! Un député socialiste allemand autosatisfait répète sans cesse qu'il trouve le débat référendaire «franco-français» (de fait, il l'est, puisque c'est en France qu'on vote) : huron étranger d'abord ! Enfin, Cavada. Sur le plateau, il reprend naturellement l'emploi qui fit ses beaux jours dans la Marche du siècle : instit à l'ancienne, main sur la baguette. Tel le cafard de Men in black, l'ancien animateur occupe la peau vide du député. Un mot lui sort toujours de la