Gay pied-noir, enfant de Créteil, Pascal of Bollywood (Héni, de son vrai nom) revisite depuis pas mal de temps déjà et en toute sincérité le répertoire des comédies musicales indiennes. Vedette en Asie (Libération du 19 mars 2004) où, juste retour des choses, on salue son exotisme, il tente désormais sa chance en France, avec un album en forme de passeport et des concerts, dont un, ce soir, du côté de Pigalle.
Au-delà de l'épiphénomène, en équilibre sur le kitsch et la branchitude, on peut s'arrêter sur les chansons de films qu'il chante et, surtout, sur ce qu'il y a derrière. Usine à rêves cosmopolite, les studios de Bombay ont toujours travaillé à contre-courant d'une réalité politique marquée par la séparation de l'Inde et du Pakistan en 1947. On retrouve le thème musulman/hindouiste jusque dans les dernières productions de Bollywood, comme Veera-Zaara (2003), où un officier de l'armée de l'air indienne, prisonnier au Pakistan, est défendu par une jeune avocate musulmane.
Le premier titre de l'album de Pascal of Bollywood, Evening in Paris, est la reprise d'une chanson célèbre écrite et interprété par deux musulmans, le poète Hasrat Jaipuri et le chanteur Mohammed Rafi, tirée du film indien du même nom tourné en France en 1967. Dans ces années-là, les studios de Bombay se posent la question du renouveau. Il faut en finir avec les comédies sirupeuses tournées dans les palais et investir la ville. Hasrat Jaipuri, auteur d'Evening in Paris à 28 ans, est assez jeune pour s'