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Libération
Critique

Biecher, agent trouble

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publié le 13 mai 2005 à 2h09

On regarde d'abord vers la chaise, enveloppée dans du PVC brillant et froissé. Une assise floue, recouverte d'une très fine cotte de maille. Quand elle accueille un asseyant, elle se fait confortable, mais aussi décor. Cadre argenté lumineux autour d'un cou, d'une chevelure, d'un visage. L'empaquetage n'est pas une nouveauté, ici c'est le matériau d'emballage des surgelés anobli qui lui donne son trouble techno. Cette chaise Argent éclaire les autres pièces «Vivre avec» que Christian Biecher propose à Mouvements modernes.

«Ce qui m'intéresse chez Biecher, explique le galeriste Pierre Staudenmeyer qui expose et édite son travail, c'est la douceur et en même temps la vigueur de ses propositions. La chaise, à la base une coque industrielle, est à la pointe de la transformation quand elle est recouverte par cette sorte de sac Picard. Ses objets ont une double nature : le canapé est à la fois sexuel-sensuel et d'une grande maîtrise formelle. Biecher n'a pas de volonté de grande rupture. Et il a une image assez lisse. Pourtant, chaque pièce est très avant-gardiste.»

Sphère. «Lisse», calme, bon élève, mode, souriant... C'est ainsi que l'on appréhende Christian Biecher, l'architecte-designer du petit café du Passage de Retz (1997) ou du restaurant Korova (2000, fermé depuis). Si on lui dit qu'on a du mal à percer son vocabulaire, à saisir sa démarche, il rétorque : «Toutes les pièces sont reliées. Par la forme ronde, la courbe. Mon vocabulaire, c'est la sphère, la poche, l'enveloppe d