L'émission culturelle Ça balance à Paris (Paris Première) est une jolie grotte pleine de jeunes. Elle reprend le modèle de Field dans ta chambre (que Paris Première diffusait naguère). L'animateur est toujours Michel Field. On connaît son emploi : être l'ami de la spontanéité juvénile. Quand l'un de ses enfants-chroniqueurs parle, son épaisse frimousse se fane de plaisir. Pour un peu, il ronronnerait : le vieux chat aime que les souris dansent ; elles lui rappellent qu'il est là pour rappeler sa soixante-huitarde jeunesse. La télé de plateau n'est qu'un jeu de rôles. Celui de Field est de mettre en scène le souvenir qu'il incarne. Sur le plateau, il y a aussi un vieux : Michel Polac. Polac parle des livres avec un naturel et une mauvaise foi tranquilles. Sa présence a une autre raison : il est le créateur de Droit de réponse, l'ancien sous le chêne insolent. Quel est le sens de l'émission ? Le choc mondain. Les chroniqueurs parlent d'une oeuvre, sans savoir si son auteur est dans les coulisses. Parfois, ils disent ce qu'ils pensent. Le 7 mai, il est question d'Une vie de voyou, de Michel Ardouin, dit «porte-avions». Ce truand-souteneur y raconte sans vergogne ni états d'âme des vols, des hold-up et des meurtres qu'il a commis (Libération du 19 avril). Sur le plateau, on parle de ce livre brutal, sinistre et amoral avec des sourires gênés. Polac se demande s'il n'y a pas un peu de fascisme en cet homme-là. En effet, ça y ressemble beaucoup : loi du plus fort, négation de la v
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