Serge Gainsbourg a commencé tard dans la chanson. Mais 30 ans c'était trop tôt encore pour que se révèle son personnage. Avec le temps, c'est presque devenu un cliché. Le cheveu gras, la barbe de trois jours, la voix pâteuse et la provocation pour dire l'essentiel. Un bourgeois bohème, c'est ce qui demeure de Gainsbourg. Une pub sur pattes à force d'appuyer le trait : «140 francs devant, 110 francs derrière» pour l'applaudir en 1985 au Casino de Paris et l'une des ventes record de Libération à l'annonce de sa mort, six ans plus tard. Serge Gainsbourg mérite pourtant plus d'intérêt. Car, avant d'être un ringard de première, avant de connaître l'autocélébration relayée par toute une génération pop (Etienne Daho, Pascal Obispo, Zazie, Benjamin Biolay), cet homme obsédé par l'idée de modernité fut une incarnation terriblement séduisante du dandysme à la française. Ainsi apparaît-il entre Brummel et des Esseintes sur les photos du coffret DVD que lui consacre Universal trente ans d'archives télévisuelles. Propriétaire du label Philips, la maison de disques dispose de l'ensemble du catalogue d'un artiste qui lui sera resté fidèle durant ses trente-trois ans de carrière. Gainsbourg, c'est un investissement à long terme. Vingt ans pour fêter le premier disque d'or grâce à une version reggae de la Marseillaise. Mais, ensuite, une manne.
Distance glabre. Il déboule à la fin des années 50 en même temps que les variétés sur le petit écran. Oreilles de Mickey, cheveux bruns courts et co