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Libération
Critique

Les bobines de Melvil Poupaud

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Dvd. Auteur. Six courts métrages réalisés par l’acteur sur vingt ans.
publié le 20 mai 2005 à 2h15

On connaissait Melvil Poupaud acteur, belle figure de proue d’un cinéma français non conformiste (Ruiz, Rohmer, Dubroux...). On le découvre réalisateur prolifique de courts métrages depuis vingt-deux ans, lui qui en compte tout juste 32...

Tout a commencé en 1983, dans l'appartement maternel, à Paris. Melvil vient de faire ses débuts à l'écran dans la Ville des pirates de Raoul Ruiz. Avec ses premiers cachets, l'enfant-comédien achète une caméra vidéo JVC. Et fait, littéralement, son cinéma. Il crée son propre univers nourri de sa propre vie et de ses expériences de spectateur, se met dans la peau de différents personnages qu'il filme entre la chambre et le salon, bricole même quelques essais d'animation avec ses Playmobil et ses figurines de Star Wars. Au fil des ans, la caméra devient numérique, le montage s'affine, mais Melvil Poupaud poursuit avec constance cette véritable hygiène de cinéma, sans budget ni scénario : «J'improvise toujours, avec un minimum de dialogues à cause d'une certaine réticence à l'écriture.» Une résistance ludique et pas prétentieuse pour un sou contre ce qu'il appelle «le côté étriqué du cinéma français, cette recherche coûteuse des grands noms». Poupaud filme pendant son temps libre, rarement à Paris mais souvent en vacances, beaucoup dans les chambres d'hôtel ­ univers qu'il affectionne, surtout quand «elles sont improbables avec une salle de bains en plastique» ­, le soir après avoir fait l'acteur pour les autres ou en tournée avec son groupe d