Romain al dente, Riccardo Del Fra aurait probablement fini guitariste, voire bassiste électrique, dans la variété italienne, s'il n'avait découvert un jour l'existence commune de Charles Mingus et de Paul Chambers. Sa voie lui apparaissant ainsi tracée, il s'est alors procuré une contrebasse dont il a appris les rudiments en autodidacte. Il ne devait guère manquer de détermination ni de talent, puisque, trois décennies plus tard, Riccardo Del Fra est devenu l'un des contrebassistes de jazz les plus respectés. Formé au côté du pianiste Enrico Pieranunzi, il a collaboré pendant plus de huit ans avec le trompettiste Chet Baker (« J'ai tout connu avec lui : du stress hallucinant à la fréquentation temporaire de certains quartiers de Rotterdam ou d'autres villes...»), et accompagné également Barney Wilen, notamment sur deux enregistrements majeurs de celui-ci : la Note bleue et French Ballads. Mais cet amateur de musique classique et contemporaine (« Debussy, Ravel, Takemitsu, Alfred Schnittke...») a aussi signé, avec parcimonie, quelques oeuvres originales, dont A Sip of Your Touch (1988) dédié à la mémoire de Chet, Silent Call (1992), pièce pour orchestre à cordes et quartette de jazz, ou encore la BO de Pour rire, un film de Lucas Belvaux. «Car, dit-il, seule une urgence est nécessaire à la confection d'un disque, il en existe déjà tellement de magnifiques.» On peut néanmoins en comptabiliser un de plus désormais, gravé avec le concours du batteur Joey Baron entouré de quelque
Critique
Riccardo Del Fra. Carnets de «roots».
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par Serge Loupien
publié le 27 mai 2005 à 2h20
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