Menu
Libération
Critique

Signé M/M

Article réservé aux abonnés
publié le 3 juin 2005 à 2h27

Les yeux rétifs, on peine d'abord à déchiffrer les mots brouillés de la nouvelle identité visuelle de l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad). Avec cette typographie baptisée Erosion, chaque caractère semble grignoté, comme mal imprimé. Le logo «Ensad» paraît lui aussi illisible. Lettres sophistiquées, lestées d'une tache-alien dégoulinante. Du trash fantaisie. Ce sigle, construit de manière modulaire, se décompose sous forme de deux autres figures, où seuls les pleins sont conservés, évoquant des fantômes de lettres. Un logo-trace abstrait. Il ne s'agit pas d'un accident, les auteurs de ces signes sont les M/M (Paris), les graphistes Michaël Amzalag (37 ans) et Mathias Augustyniak (38 ans), deux Français qui revendiquent, non sans dédain pour la lisibilité, «cette boîte de Meccano, modulaire, ce jeu subjectif dans un système hérité du Bauhaus». Ces duettistes sont également connus dans l'univers de la musique puisqu'ils signent les pochettes, clips et livres de Björk. Et travaillent avec Yohji Yamamoto ou Calvin Klein pour des catalogues et des publicités.

«Utopique». Anciens étudiants des Arts-Déco, ils avaient sans doute envie de se remesurer à leur ancienne école, «un cerbère dogmatique». Où il était «pénible d'avoir à choisir son camp entre le graphisme 70 et engagé du groupe Grapus et l'école fonctionnaliste suisse». ça n'a pas raté, 98 personnes (salariés et étudiants) de l'Ensad, à l'appel de la CGT, ont signé une pétition refusant d'utiliser leur car