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Libération
Interview

«La mort est une performance».

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publié le 9 juin 2005 à 2h32

La performance fait retour, comme le corps est devenu institution : du Guggenheim de New York au Siemens arts program de Bochum, symposiums, expos et bien sûr actualité des productions plastiques reparlent de cette forme artistique qui emprunte également à la danse, au théâtre, à des références orientales. La présence à Paris, pour trois colloques (1), de Peggy Phelan, universitaire, dont les textes dans Art et féminisme sont aujourd'hui traduits en français (Phaidon), offre l'occasion de jeter quelques lumières sur un terrain d'études récent.

Comment les «performances studies» sont-elles devenues un champ spécifique ?

Elles ont intégré l'université en 1980, à la New York University. J'y ai enseigné de 1985 à 2002. Ces études se fondent sur la proposition que les cultures humaines ont une dimension performative. L'anthropologue Victor Turner et l'historien du théâtre Richard Schechner en ont formulé la proposition de base. Plus tard, Michael Taussig a tenté de les étendre à l'étude du terrain en anthropologie. Au milieu des années 1990, les «performances studies» se sont attachées à retracer l'histoire de l'art live (vivant). En Europe, l'art live provient de Dada, de l'actionnisme viennois et des arts visuels ­ plus que du théâtre, quoique quelqu'un comme Artaud complique sérieusement la question des influences. Au Brésil, il vient de la contestation de la dictature. Au Japon, les conséquences irréparables de la bombe atomique ont incité le groupe Gutai à dépasser la notion d