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Libération
Critique

Bal d'objets à l'abbaye.

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publié le 10 juin 2005 à 2h33

envoyée spéciale à la Couronne

Ballet de gouttelettes sur murs lépreux, lampes folles qui s'allument par intermittences pour attirer le spectateur dans un jeu d'ombres et de lumières entre deux toiles d'araignée, plafond dont dégringolent des bouffées de plumes... Il y a tromperie sur la marchandise, le «spectacle sans acteur (dans une maison abandonnée)» en montre plus d'un.

Robe virevoltante. Sauf que les êtres ont été remplacés par des objets, disparate de lettres, chaises, couverts, dentelles ou poupées. Ici, un chapeau soudain éclairé se met à vibrer, là s'entrouvre la porte d'une armoire pour faire apparaître une robe virevoltante, qu'on imagine ayant appartenu à l'ancienne locataire du 19 bis, rue Léonard-Jarraud, souriant dans son cadre sépia. «A quoi tu penses ?», dit le corset posé sur le montant du lit. «Tu veux savoir ?», lui répond le traversin, fugitivement éclairé. L'oreille exercée reconnaît Signoret, Gabin. Les dialogues suggèrent davantage qu'ils ne racontent une histoire.

Venue d'Amsterdam, Judith Nab, qui aime l'atmosphère des maisons abandonnées, parle de celle de l'abbaye comme de quelqu'un : «Je l'ai rencontrée il y a deux ans.» Elle a été la première à pousser les portes de cette partie à l'abandon de l'abbaye de la Couronne, ensemble roman-gothique aussi atypique que ses créations. La cimenterie Lafarge, qui jouxte l'abbatiale, est longtemps restée seule propriétaire des murs, y a logé ses ouvriers, a consenti au conseil général de la Charente les parti