La console N-gage de Nokia est-elle victime d'une injustice ? Elle a soufflé ses trois bougies mais reste la plus discrète des portables disponibles sur le marché. Malgré un nouveau design, nettement supérieur à la première version, et un catalogue qui s'étoffe avec régularité et cohérence (on recommande particulièrement le tout frais et exclusif Glimmerati), elle ne parvient pas à incruster sa silhouette dans le monde du jeu et le mental des joueurs, ou alors à la périphérie du paysage, comme un objet de remplacement, roue de secours du gamer démuni un jour d'isolement.
Le problème que rencontre depuis sa naissance la N-gage est d'ailleurs lié à cette question de place. Quelle est-elle exactement ? Où placer cette machine, bien plus séduisante que sa réputation ne le laisse croire ? La nature hermaphrodite console-téléphone de la N-gage fonde probablement l'origine de nos doutes, de notre perplexité. Le trouble transgenre de ce gros scarabée cuivré rend complexe le rapport que l'on entretient avec lui. Même après plusieurs mois de familiarisation et toutes sortes d'usages (exclusivement ludique, strictement téléphonique, mixte ou nul), la N-gage trouve peut-être une place physique agréable à la vue dans le décor de nos vies intimes, mais elle reste une énigme affective, une expérience de l'altérité irréductible, un grand Autre au sujet duquel, infiniment, on s'interroge : «Mais qui es-tu, toi ?»
A l'usage, la N-gage surprend par ses qualités cachées. D'abord son grand sérieux