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Libération
Critique

La grande guerre de Fuller

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publié le 10 juin 2005 à 2h33

Samuel Fuller (1911-1997) en avait rêvé pendant trente-cinq ans : transcrire à l'écran ses souvenirs de fantassin pendant la Seconde Guerre mondiale, sa participation aux combats contre Rommell en Afrique du Nord et à la libération des camps nazis, ses débarquements en Sicile puis en Normandie. Fin 1979, il parvient enfin à tourner Au-delà de la gloire (titre original : The Big Red One, soit le surnom du Premier Régiment d'infanterie américaine dans lequel Fuller fut soldat). Il en tire un premier montage de quatre heures où, expliquera-t-il plus tard, «il n'y avait rien à jeter». Mais son producteur Lorimar exige des coupes radicales. Au-delà de la gloire est amputé de plus de la moitié, parfois à la hache, et ça se sent : le film est certes puissant mais déséquilibré, jalonné de moments exceptionnels mais mal agencés.

Effervescence. Aussi, quand le Festival de Cannes annonce l'an dernier la présentation d'une version longue de The Big Red One, c'est l'effervescence. Les happy few ayant pu pénétrer dans la petite salle de projection en ressortent soufflés. Un an plus tard, le film restauré et rallongé de 47 minutes sort directement en DVD ­ une pratique qui risque de se généraliser pour les classiques restaurés, au grand dam des amateurs de films en salle : quelques projections de prestige dans les festivals pour faire monter la sauce puis une exploitation en vidéo, plus rentable qu'une distribution au cinéma.

Les nombreux bonus du DVD (malheureusement pas toujours sous-titré