On connaissait cette voie sans âme le long de l'hôpital Saint-Louis pour sa librairie de polars, l'Introuvable. La rue Juliette-Dodu se distingue désormais par le café la Fontaine, qui fait l'angle avec la rue de la Grange-aux-Belles. Ce paisible bistro à la devanture mauve le jour devient un club de jazz la nuit. Pas vraiment un club d'ailleurs : le public ne se tasse pas dans une cave et paye ce qu'il veut dans un chapeau pour les musiciens. Pas vraiment différent d'un club non plus : les concerts ont lieu presque tous les soirs et parmi les meilleurs jazzmen de la capitale y jouent. Aldo Romano, Flavio Blotro, Rick Margitza, Stéphane Belmondo, Laurent de Wilde, Franck Amsallem ou Pierre de Bethman. Comment un bar kabyle est-il devenu en quelques mois un des spots de jazz les plus excitants à Paris ?
Expérience, amitiés. Tout commence en 2000 au squat de Rivoli. Julien Caumer, fondateur et président de l'association le Laboratoire de la création, y organise des concerts de jazz. Il a fait ses classes au Festival de Calvi avant de monter le Festival de Pinarello. «Je ne suis pas musicien mais je suis dans le milieu depuis vingt ans. Plus encore que la musique, j'aime les musiciens.» Il leur trouve un lieu, le Canotier, caf'conc' autrefois mythique au pied de la butte Montmartre. L'histoire tourne court, la belle aventure est à la rue. Jusqu'au jour où il entend parler d'un café où le patron s'ennuie gentiment derrière son comptoir. La filiale jazz du Laboratoire de la créati