La main gauche est posée sur la cuisse, doigts déliés comme une étoile de mer, et ça tombe bien puisque la mer est juste derrière. On la reconnaît davantage aux deux bateaux, au fond à droite, qu'au friselis des vaguelettes. La main droite soulève un pan de l'habit. L'homme que sa barbe et sa posture accablée semblent vieillir se trouve en réalité, selon ses biographes, dans la force de l'âge. Né au milieu du XIVe siècle, saint Roch est mort à moins de 30 ans. Ce faux vieillard, pour exhiber sa cuisse, appuie le pied sur un rocher judicieusement placé là par le peintre. Ce dernier a fait le portrait du saint homme environ deux siècles plus tard.
La zone obscure. Accoutré comme un condottiere avec sa cape, ses bottes à rabat, son sombrero rejeté derrière les épaules, le pèlerin lance en direction du portraitiste un regard exténué et en coin. Sa bouche est restée entrouverte, peut-être parce qu'il est essoufflé. Il a quand même fait à pied le voyage de Montpellier à Rome, où il séjourna de 1368 à 1371. Il est donc probable que les flots assez tranquilles devant lesquels il se tient sont ceux de la Méditerranée ; quelque part en Italie, plutôt que du côté de Palavas, sinon il ne serait pas encore épuisé. Ce qui intrigue ne tient pourtant pas à son état de fatigue. Pour cela, il se serait déchaussé et Lorenzo Lotto l'aurait dessiné en train de se masser le pied.
Qu'est-ce qu'il fabrique donc ? Son index est pointé vers une zone obscure située en haut de la cuisse, non loin de l'ai