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Libération

Annette Messager, jackpot français.

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publié le 13 juin 2005 à 2h34

Ce n'est plus un «pavillon» à tous vents mais une caverne, où s'ourdissent les humeurs. Annette Messager s'est installée dans le bâtiment, a obturé sa symétrie et l'a transformé en un antre réjouissant. Ce n'est plus une exposition mais trois actes d'une pièce effectuant successivement un lent mouvement vers l'intérieur et une brutale et burlesque éjection vers la sortie, qui s'effectue par le cul du bâtiment. La genèse dure environ vingt minutes.

Un paysage tumultueux de polochons se présente d'abord, avec ses pics et ses creux, ses filets emprisonnant de noirs pictogrammes. Sous l'amas, se meut inexorablement, traînée par un traversin auquel elle est attachée, une poupée de bois au nez pointu.

On rappelle ici l'histoire drôle de Jésus, nommé portier intérimaire du paradis, qui croit reconnaître un vieil homme se présentant comme charpentier ayant fui en Egypte, etc. «Papa !», crie Jésus, se précipitant sur le vieil homme. Et l'autre de s'exclamer, croyant le reconnaître aussi : «Pinocchio !» L'objet transitionnel, le «doudou» des enfants, est-ce ici le traversin, la figurine ou l'art ?

Le deuxième acte, comme à l'opéra baroque, est une tempête de soie rouge, qui déferle de la gorge profonde d'un arrière-fond incarnat, depuis la grande gueule d'une porte ouverte, créant des vagues dont le ressac, en quatorze minutes, cache et révèle des aliens, d'abord colorés, puis blanchâtres, que l'éclairage rend phosphorescents. Les vagues s'éteignent par le biais de colliers et grigris de