Envoyés spéciaux à Venise.
Ce sont les artistes qui livrent les statistiques: sur les quatre-vingt-onze sélectionnés par María de Corral et Rosa Martinez, les deux commissaires espagnoles de cette Biennale, trente-huit sont des femmes, proclame une grande affiche des Guerrilla Girls à l'entrée de l'Arsenal. L'Espagnol Muntadas (lire page suivante) nous apprend aussi qu'à son ouverture, en 1895, la Biennale a accueilli 224 327 visiteurs, alors qu'à Venise l'an passé 1 746 591 touristes piétinaient. Enfin, le Néerlandais Rem Koolhaas, architecte présent à l'Arsenal, profile la montée exponentielle des nouveaux musées d'art contemporain.
Vite fait. Il n'y a jamais eu autant de représentations nationales et jamais autant, non plus, de pays émergents absents. Les Italiens se plaignent, comme les Français, du petit nombre de leurs compatriotes sélectionnés. Les Américains du Nord ne se plaignent pas, mais ont quasiment disparu au profit des Américains du Sud. Comme au Festival de Cannes, l'Amérique latino triomphe. Regina José Galindo, Guatémaltèque vivant en République dominicaine, documente sur des écrans ses performances de rue scandaleuses, au cours desquelles elle se rase le crâne et le pubis, marche nue, plonge ses pieds dans un tub sanguinolent et enfin se fait recoudre l'hymen ce qui lui vaut un Lion d'Or. Auquel fait écho le gigantesque lustre dont les perles de cristal ont été remplacées par des tampons O.b., oeuvre spectaculaire de la Portugaise Joana Vasconcelos.
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