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Libération
Critique

Keersmaeker trop mécanique.

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publié le 17 juin 2005 à 2h38

Bien sûr, il s'agit de la chorégraphe flamande Anne Teresa De Keersmaeker. La qualité des danseurs, Marion Ballester, Salva Sanchis et Keersmaeker elle-même, l'écriture, le choix des musiques, rien n'est laissé au hasard. Cela devrait suffire à réjouir tout amateur. Pourtant, le «salon de musique» qu'est Desh, une pièce construite à partir de la musique classique indienne et d'India de John Coltrane, semble très guindé.

Le sol d'argile poudreuse, décor de Jan Joris Lamers, réagit aux impulsions. La chorégraphie laisse aussi son tracé sur ce plateau. La pièce est construite en cinq parties, quasiment symétriques : un duo au début et à la fin, un trio au milieu et deux solos entre.

Le tout sur des ragas indiens, sauf le deuxième solo, sur la musique de Coltrane. Etonnamment ­ car la chorégraphe en a peu écrit ­ le trio est ici la pièce maîtresse, percussif, comme le Tavil Tani interprété par Haridwaramangalom A.K. Palavinel.

En dialogue constant, en croisement, en respirations et en soupirs, les corps sont tout à la fois matériels et spirituels. Plus que dans son solo très ramassé, Salva Sanchis y rayonne, présence masculine qui ne s'affirme que par sa capacité à intégrer les danses féminines, celle légère et emballée d'Anne Teresa de Keersmaeker, celle plus appuyée et clairement dessinée dans l'espace de Marion Ballester. On aurait aimé en (sa)voir plus, sur cette rencontre fragile, toujours en devenir, entre les trois interprètes.

A force de produire, d'entrer en résonance avec