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Libération

«Okami», le buzz de la poésie

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publié le 17 juin 2005 à 2h38

Bien sûr, on nous ment. On voudrait nous faire croire que les joueurs passent leurs journées à attendre fébrilement des consoles nouvelles, ultraminis ou multitout, avec des puissances pas possibles et des superdesigns. Ce faisant, on installe l'idée que le matériel technologique est une fin en soi : récemment, un long «reportage» dans le Time magazine (1), laissait Bill Gates plastronner jusqu'à l'indécence sur la Blitzkrieg imparable que les salons classe moyenne du globe allaient subir ­ et sur la pâtée qu'il prétend mettre à Sony. Sous la légitimité première d'être des machines à jouer, les consoles «next-gen» entendent devenir à la fois la gare de triage et l'échangeur (avec guérite de péage) de la totalité de nos activités numérisées, culturelles ou de loisirs. Dans ce contexte, le jeu garde sans doute une fonction d'appel, puis de fidélisation, tout à fait primordiale. Mais cette préséance même le trahit : il n'est plus l'unique objet des manoeuvres en cours. Le jeu vidéo se trouve désormais placé sur un axe qui ne voit en lui qu'un acteur tactique et technique parmi d'autres «contenus».

Incidemment, en menottant ainsi le devenir du jeu vidéo, avec ses pratiques et ses cultures, au devenir des machines, on impose à tout le système un principe pervers : l'évolution du jeu ne se produit qu'aux conditions posées par l'industrie des constructeurs. Or, sachons-le, cette industrie a déjà décidé de l'avenir. Son plan est prêt : le futur est un réseau payant dont elle a dessin